09.08.2024
Réduction des taux d’intérêt par la Banque centrale du Mexique face à un ralentissement économique : Un tournant crucial pour l’économie mexicaine
La Banque centrale du Mexique a pris une décision importante jeudi dernier en réduisant son taux d’intérêt de référence de 25 points de base, le portant à 10,75 %. Cette réduction intervient dans un contexte de préoccupations croissantes concernant les risques de ralentissement de la croissance économique, exacerbés par la volatilité mondiale qui a affecté le peso mexicain.
Décision du conseil d’administration
Le conseil d’administration de la Banque du Mexique a voté de justesse en faveur de cette réduction, avec une majorité de 3 voix contre 2. Les responsables ont exprimé leurs inquiétudes face aux récentes turbulences financières mondiales, qui ont accentué une faiblesse économique persistante depuis la fin de l’année précédente. Selon leur communiqué, les risques pesant sur la croissance de l’activité économique demeurent orientés à la baisse.
Réactions et impacts immédiats
Suite à cette annonce, le peso mexicain s’est renforcé face au dollar américain, atteignant 18,9 pesos, son niveau le plus élevé en une semaine. Toutefois, malgré cette appréciation, le Mexique, principal partenaire commercial des États-Unis, peine à matérialiser un boom d’investissements pourtant attendu. En effet, les prévisions de croissance économique pour le pays restent modestes, à 1,8 % pour cette année et à 1,6 % pour 2025, selon un sondage de la Banque centrale.
Contexte économique et défis futurs
L’appréciation du peso a eu des conséquences négatives sur les exportations mexicaines, tandis que les réformes constitutionnelles prévues, les réductions budgétaires imminentes et l’incertitude entourant l’élection présidentielle américaine pèsent lourdement sur le climat économique. Gabriel Lozano, économiste chez JPMorgan, a exprimé son inquiétude quant à l’activité économique du Mexique, qui ralentit sur plusieurs fronts, un phénomène qui a commencé avant même la détérioration des conditions économiques aux États-Unis.
Défis pour la nouvelle présidence
Claudia Sheinbaum, présidente élue du Mexique, devra faire face à ces défis économiques en octobre, alors qu’elle s’efforcera de réduire un déficit budgétaire qui n’a pas été aussi élevé depuis les années 1980. Le peso mexicain, autrefois l’une des devises les plus performantes sur les marchés émergents, a perdu 11,2 % de sa valeur depuis les élections de juin. Cette chute est liée à l’incertitude politique, accentuée par les promesses de réformes radicales de la part du parti au pouvoir.
Influence des États-Unis et perspectives économiques
Les récentes craintes de récession aux États-Unis, principal marché des exportations mexicaines, ont amplifié la volatilité du peso. Celui-ci a atteint un plus bas de 20,04 pesos pour un dollar début août, avant de redescendre sous les 19 pesos. Néanmoins, la Banque du Mexique a minimisé l’importance de cette volatilité dans ses décisions récentes.
Réponses économiques et perspectives futures
Liam Peach, économiste spécialisé chez Capital Economics, estime que la récente dépréciation du peso, bien que mentionnée, n’a pas influencé de manière significative les décisions de la Banque centrale. Il prévoit également que le cycle d’assouplissement monétaire de la Banque du Mexique sera probablement lent et progressif.
Depuis la pandémie de COVID-19, les banques centrales d’Amérique latine, y compris celle du Mexique, ont été à l’avant-garde de la lutte contre l’inflation, Banxico ayant relevé ses taux bien avant la Réserve fédérale américaine. En mars dernier, Banxico a été la dernière grande banque centrale de la région à entamer une réduction de ses taux d’intérêt. Cependant, certains analystes estiment qu’il reste encore de la marge pour de nouvelles réductions, si la croissance économique continue de décevoir.
Conclusion
La Banque centrale du Mexique, en réduisant ses taux d’intérêt, tente de contrer les effets d’un ralentissement économique marqué et d’une volatilité accrue sur les marchés. Bien que cette décision soit un pas vers la stabilisation, elle s’accompagne de nombreux défis, notamment l’incertitude politique et les pressions économiques extérieures. Pour Claudia Sheinbaum, la nouvelle présidente, la gestion de ces défis sera cruciale pour maintenir la stabilité économique du pays.