Le taux d’inflation au Royaume-Uni a augmenté de manière moins prononcée que prévu en juillet, atteignant 2,2 % contre les 2,3 % attendus. Cette diminution des pressions sur les prix sous-jacents est accueillie favorablement par la Banque d’Angleterre, qui pourrait être incitée à envisager de nouvelles réductions des taux d’intérêt avant la fin de l’année.

Un Premier Signe de Stabilisation en 2023

L’augmentation annuelle des prix à la consommation, telle que rapportée par l’Office for National Statistics, a surpris les analystes, qui tablaient sur une hausse de 2,3 %. Cependant, ce chiffre marque la première augmentation cette année, dépassant l’objectif de 2 % fixé par la Banque d’Angleterre. En mai, la croissance des prix avait ralenti à 2 %, son niveau le plus bas depuis trois ans, avant de se stabiliser en juin.

Facteurs Derrière la Baisse de l’Inflation

La Banque d’Angleterre avait anticipé une inflation de 2,4 % en raison d’une baisse moins prononcée des factures énergétiques domestiques. Cependant, un ralentissement dans la croissance des prix des hôtels a contribué à faire baisser la moyenne globale. L’inflation des services, indicateur clé des pressions sur les prix domestiques, a chuté de 5,7 % en juin à 5,2 % en juillet, son niveau le plus bas depuis juin 2022. Les analystes prévoyaient une baisse à 5,5 %.

Ruth Gregory, économiste chez Capital Economics, a souligné que cette hausse moins importante des prix à la consommation et la forte baisse de l’inflation des services devraient rassurer la Banque d’Angleterre et ouvrir la porte à de nouvelles baisses des taux d’intérêt cette année.

Réactions et Répercussions sur les Marchés

Ces données font suite à la réduction des taux d’intérêt par la Banque d’Angleterre le 1er août, une première depuis le début de la pandémie de Covid-19. L’inflation de base annuelle, qui exclut l’alimentation et l’énergie, est tombée à 3,3 % en juillet, son niveau le plus bas depuis septembre 2021, contre 3,5 % en juin.

La livre sterling a légèrement baissé par rapport au dollar américain après la publication des données, se négociant à 1,284 $. Les obligations d’État britanniques ont également réagi, avec une légère diminution des rendements des gilts à deux ans, qui sont sensibles aux taux d’intérêt, de 0,04 point à 3,56 %. Les investisseurs ont également renforcé leurs paris sur deux autres réductions de taux par la Banque d’Angleterre avant la fin de l’année.

Perspectives Économiques et Prévisions de la Banque d’Angleterre

Rob Wood, économiste chez Pantheon Macroeconomics, a déclaré que la baisse de l’inflation des services soutenait l’argument selon lequel les pressions inflationnistes s’atténuent progressivement, justifiant ainsi de nouvelles réductions des taux d’intérêt. Cependant, il a mis en garde contre le fait que cette baisse avait été en partie due à la volatilité des tarifs aériens et des prix des hôtels, et a souligné que le Comité de politique monétaire pourrait ne pas procéder à une nouvelle réduction des taux dès sa réunion de septembre.

La croissance annuelle des prix des restaurants et des hôtels a chuté à 4,9 % en juillet, contre 6,2 % en juin, selon l’ONS, exerçant ainsi la plus grande pression à la baisse sur le taux global.

La Banque d’Angleterre prévoit que l’inflation au Royaume-Uni augmentera légèrement au second semestre de cette année, mais qu’elle diminuera à 2,2 % d’ici la fin de 2025, à 1,7 % d’ici 2026, et à 1,5 % d’ici 2027.

Impacts Sociaux et Réactions Politiques

Les données officielles publiées mardi ont montré que la croissance annuelle des salaires, hors primes, une mesure clé des pressions sur les prix sous-jacents, a ralenti à son niveau le plus bas depuis deux ans, à 5,4 %. Après la réduction de ce mois-ci du taux directeur à 5 %, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a déclaré qu’il était nécessaire de s’assurer que l’inflation reste faible et qu’il fallait être prudent pour ne pas réduire les taux trop rapidement ou trop fortement.

Catherine Mann, membre externe du Comité de politique monétaire, a déclaré cette semaine que le Royaume-Uni ne devait pas être « séduit » en pensant que la bataille contre l’inflation était terminée après une baisse à court terme du taux global.

L’augmentation de l’inflation en juillet avait été anticipée par le Trésor et avait été citée par des responsables conservateurs comme un facteur mineur dans la décision de l’ancien Premier ministre Rishi Sunak de tenir des élections anticipées. Pour le gouvernement travailliste, la légère hausse de l’inflation est un rappel des défis auxquels est confrontée la chancelière Rachel Reeves, qui souhaite stimuler la croissance, mais sait que la Banque d’Angleterre restera prudente quant à d’éventuelles baisses de taux à court terme.

Répondant aux données sur l’inflation, Darren Jones, secrétaire en chef du Trésor, a déclaré que le gouvernement « n’avait aucune illusion sur l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés ».

Le chancelier fantôme, Jeremy Hunt, a déclaré que Reeves « ne devait pas utiliser ces données comme excuse pour revenir sur ses promesses et augmenter les impôts ».

En zone euro, l’inflation a augmenté à 2,6 % en juillet, contre 2,5 % en juin. Plus tard mercredi, des données distinctes devraient montrer que l’inflation annuelle aux États-Unis est restée inchangée à 3 % en juillet.

Conclusion

Les dernières données sur l’inflation au Royaume-Uni montrent un ralentissement des pressions inflationnistes, mais la prudence reste de mise pour la Banque d’Angleterre. Alors que l’inflation dépasse encore légèrement l’objectif, la baisse des prix des services et la modération de la croissance des salaires pourraient justifier de nouvelles réductions des taux d’intérêt. Cependant, avec un contexte économique volatile et des incertitudes mondiales, la Banque devra naviguer prudemment pour équilibrer la croissance économique et la stabilité des prix. Les prochains mois seront décisifs pour l’économie britannique, avec des impacts potentiels sur les ménages, les entreprises et les marchés financiers.