L’inflation continue de jouer un rôle central dans les dynamiques économiques actuelles. Mais quel est son véritable impact sur le moral des consommateurs et les décisions des entreprises ? Aujourd’hui, nous allons explorer les liens entre l’inflation, le comportement des consommateurs et les performances des entreprises alimentaires. Voici ce qu’il faut savoir :

L’impact de l’inflation sur le moral des consommateurs

Depuis 2022, le moral des consommateurs s’est légèrement amélioré, mais il reste en dessous des niveaux pré-crise. L’inflation est un facteur clé qui réduit leur confiance en raison de la hausse constante des prix. Cela se traduit par une corrélation inverse entre l’Indice de Sentiment des Consommateurs de l’Université du Michigan et l’inflation mesurée par l’IPC (Indice des Prix à la Consommation). En résumé, plus l’inflation est élevée, moins les consommateurs ont confiance dans l’avenir.

Ce graphique montre la relation inverse entre l’Indice de Sentiment des Consommateurs de l’Université du Michigan (à droite) et le taux d’inflation annuel mesuré par l’IPC (à gauche, inversé). Lorsque l’inflation augmente, le moral des consommateurs baisse. Ce lien existe depuis plus de 70 ans, indiquant que chaque fois que les prix montent rapidement, les consommateurs perdent confiance et limitent leurs dépenses.

L’importance de l’emploi dans la perception économique

L’emploi est souvent perçu comme un facteur stabilisateur du moral. Cependant, cette relation ne semble plus aussi claire. Malgré des taux de chômage historiquement bas, les consommateurs se montrent toujours pessimistes. Habituellement, lorsque le chômage est faible, la confiance est plus forte. Mais aujourd’hui, malgré le fait que le chômage reste à un niveau très bas, les consommateurs continuent de percevoir l’avenir économique de manière négative, ce qui montre une déconnexion inhabituelle.

Ce graphique superpose le taux de chômage (à gauche, inversé) et l’Indice de Sentiment des Consommateurs (à droite) pour montrer leur relation historique. En général, lorsque le taux de chômage diminue, le moral des consommateurs s’améliore. Cela reflète une économie plus forte, avec plus d’opportunités d’emploi et de stabilité financière pour les ménages. Cependant, on observe une décorrélation récemment, où malgré un chômage très bas, la confiance reste faible.

Pourquoi les entreprises alimentaires sont en crise ?

Les géants du secteur alimentaire, tels que ConAgra, Hormel et Kraft Heinz, sont confrontés à une forte pression. D’un côté, ils doivent composer avec une inflation persistante, et de l’autre, des consommateurs qui réduisent leurs dépenses. Même avec une consommation globale stable, ces entreprises n’ont pas réussi à suivre la performance du marché, ce qui se voit dans le graphique comparant les actions alimentaires au S&P 500. Cela signifie que les entreprises alimentaires doivent repenser leurs stratégies pour faire face à une rentabilité en déclin.

Le graphique compare la performance des actions du secteur alimentaire du S&P 500 à celle du S&P 500 global depuis 2022. Alors que le marché général a montré une tendance de croissance solide (ligne rose), les actions alimentaires (ligne bleue) sont restées à la traîne. Cela s’explique par des prix en hausse, une demande stagnante et des marges bénéficiaires comprimées.

Quels choix pour les consommateurs ?

Depuis la pandémie, les habitudes de consommation ont changé. Les services ont pris le dessus sur les biens, comme le montre le graphique « Maux d’estomac ». Les dépenses en biens ont chuté à plusieurs reprises en 2022 et 2023, et même les produits alimentaires n’ont retrouvé une croissance positive que récemment. En d’autres termes, les consommateurs préfèrent désormais les expériences et les services (comme les loisirs), alors que la demande pour les produits traditionnels reste faible.

Ce graphique montre la croissance des dépenses de consommation réelle dans trois catégories depuis 2019 : biens, services, et alimentation hors domicile. Après un pic en 2020, les dépenses en biens ont plongé tandis que les services ont rebondi. Les dépenses alimentaires ont suivi une tendance plus lente et viennent à peine de retrouver une croissance positive.

Le rapport sur l’emploi de septembre est-il vraiment un indicateur solide ?

Bien que 254 000 nouveaux emplois aient été créés en septembre, certains analystes, comme Claudia Sahm, estiment que ce chiffre pourrait être revu à la baisse. Les signes de faiblesse dans le marché du travail, tels que la réduction des heures travaillées et une augmentation des emplois temporaires, suggèrent que le marché est plus fragile qu’il n’y paraît. Ce phénomène est confirmé par le graphique « Pas génial » montrant une diminution des taux de recrutement et de démission, ce qui indique un ralentissement de l’activité.

Ce graphique montre l’évolution des taux de quittances (démissions volontaires) et de recrutement depuis 2020, avec une tendance à la baisse pour les deux. La baisse des taux de recrutements et de démissions est signe d’un marché du travail plus faible. Les employés préfèrent rester en poste par crainte d’une détérioration économique, et les entreprises hésitent à embaucher.

Conclusion : Quelles perspectives ?

L’inflation, l’emploi et le comportement des consommateurs forment un triptyque complexe, influençant à la fois les politiques économiques et les stratégies d’entreprise. Les actions de la Fed seront cruciales pour l’avenir, tout comme les ajustements des entreprises du secteur alimentaire, qui cherchent encore à trouver un équilibre dans un contexte instable. La clé réside dans la capacité à anticiper les mouvements du marché et à réagir avec souplesse aux nouveaux défis économiques.