Les candidats à la présidentielle américaine, Donald Trump et Kamala Harris, se sont distingués cette semaine sur l’un des sujets les plus critiques pour les électeurs américains : l’économie. Les propositions des deux candidats révèlent des approches radicalement opposées sur les questions de taxes, commerce, inflation, et politique énergétique.

La politique économique de Donald Trump

Lors d’un discours prononcé à Wall Street, Trump a mis en avant une série de propositions axées sur la réduction des impôts et des dépenses publiques, tout en poursuivant une déréglementation agressive avec l’aide de figures du monde des affaires comme Elon Musk. Trump promet notamment de prolonger les réductions d’impôts adoptées lors de son mandat en 2017, qui sont censées expirer l’année prochaine. Il prévoit même de réduire davantage les impôts pour les entreprises et les particuliers.

Son objectif central est de relancer la production énergétique aux États-Unis, déjà à un niveau record, pour faire baisser les coûts du carburant. Trump prévoit également de supprimer de nombreuses réglementations pour encourager une reprise rapide de la croissance économique. Selon lui, ces politiques devraient réduire l’inflation rapidement et stimuler une croissance économique explosive, bien que cette affirmation soit contestée par plusieurs économistes.

Chiffres clés :

  • Trump prévoit d’élargir les réductions fiscales de 2017.
  • Il met l’accent sur la relance de la production énergétique pour faire baisser les prix du carburant, actuellement à environ 3,30 $ le gallon en moyenne.

La proposition de Kamala Harris : taxer les grandes entreprises et soutenir les ménages

À la différence de Trump, Kamala Harris a présenté une vision économique basée sur une augmentation des impôts pour les grandes entreprises et les plus riches afin de financer un filet de sécurité sociale plus large. Elle propose également d’octroyer des crédits d’impôt pour les frais de garde d’enfants et de fournir des subventions aux propriétaires de petites entreprises pour stimuler la croissance locale.

Par ailleurs, Harris veut s’attaquer au coût élevé des médicaments en renforçant les négociations entre le gouvernement et les grandes entreprises pharmaceutiques pour réduire les prix. Elle souhaite limiter le prix de l’insuline à 35 $ pour les personnes âgées et accélérer la réduction des coûts des médicaments pour tous.

En matière de logement, Harris a présenté un plan pour stimuler la construction de logements abordables et aider les premiers acheteurs en leur octroyant jusqu’à 25 000 $ pour acquérir une propriété.

Chiffres clés :

  • Harris propose de taxer davantage les grandes entreprises pour élargir la sécurité sociale.
  • 25 000 $ de subvention pour les acheteurs de première maison.
  • Limitation des prix des médicaments, avec un plafond de 35 $ pour l’insuline.

Deux approches différentes sur l’inflation

En ce qui concerne l’inflation, Trump et Harris adoptent des approches opposées. Trump mise sur une augmentation de la production énergétique pour abaisser les coûts du carburant, et il estime que sa politique fiscale et de dérégulation ramènera l’inflation sous contrôle rapidement.

Harris, quant à elle, insiste sur l’importance de s’attaquer aux causes structurelles de l’inflation, telles que la réduction des prix des médicaments et la lutte contre les hausses abusives des prix pratiquées par certaines entreprises. Elle souhaite également construire plus de logements pour atténuer la hausse des loyers, et offrir un soutien financier direct aux ménages modestes.

Les tarifs douaniers et le commerce extérieur : des visions opposées

En matière de politique commerciale, Donald Trump et Kamala Harris divergent aussi considérablement. Trump prévoit de renforcer les tarifs douaniers, notamment à l’encontre de la Chine, avec des prélèvements pouvant aller de 10 à 20 % sur toutes les importations et jusqu’à 60 % pour les produits en provenance de Chine. Cependant, ces mesures pourraient raviver les guerres commerciales, une situation que de nombreux économistes jugent néfaste pour l’économie américaine.

Harris, pour sa part, prône une approche plus nuancée et équilibrée. Elle a récemment exprimé son opposition à une tentative de prise de contrôle de 15,5 milliards de dollars de US Steel par la société japonaise Nippon Steel, arguant que cela renforcerait la dépendance américaine envers les importations étrangères. Harris soutient également des politiques visant à réduire la dépendance des États-Unis vis-à-vis des importations, notamment dans les secteurs critiques comme l’acier.

Chiffres clés :

  • Trump prévoit des tarifs douaniers de 10 à 20 % sur toutes les importations, et de 60 % sur les produits chinois.
  • Harris s’oppose à une prise de contrôle de 15,5 milliards de dollars de US Steel par Nippon Steel.

Impact sur le déficit et la dette publique

Les plans économiques des deux candidats risquent d’augmenter significativement le déficit national, mais à des niveaux différents. Selon le modèle budgétaire de Wharton de l’Université de Pennsylvanie, les plans de Trump ajouteraient environ 5 800 milliards de dollars au déficit au cours de la prochaine décennie, tandis que les propositions de Harris augmenteraient la dette de 1 200 milliards de dollars.

Chiffres clés :

  • Les plans de Trump augmenteraient la dette de 5 800 milliards de dollars.
  • Les propositions de Harris augmenteraient la dette de 1 200 milliards de dollars.

L’importance du contrôle du Congrès

L’issue de cette élection dépendra également du contrôle du Congrès par l’un des deux partis, car ce dernier détient la clé des principales modifications fiscales, y compris celles des taxes. Harris a déjà proposé d’augmenter les taxes sur les gains en capital de 20 % à 28 %, une mesure plus modérée que celle proposée par Biden, mais plus susceptible de passer au Congrès.

Conclusion : deux visions économiques pour l’avenir de l’Amérique

Le duel entre Donald Trump et Kamala Harris offre aux électeurs américains un choix entre deux approches radicalement opposées pour gérer l’économie. Entre réduction d’impôts, augmentation des tarifs douaniers et une relance énergétique pour Trump, et un soutien accru aux familles, réduction des prix des médicaments et subventions au logement pour Harris, le choix des Américains aura des conséquences profondes pour l’avenir économique du pays. L’élection présidentielle de 2024 pourrait bien définir la trajectoire économique des États-Unis pour les années à venir.

Sources :